Périls et demeurés.

Le danger remonte aux plus anciens temps, pour ne pas dire aux origines de la vie, et même le big bang ne semble pas avoir été de tout repos. Quant au jardin d’Eden, deux des plus redoutables périls y guettaient l’homme : la femme et l’orgueil. Quand ces deux-là se liguent la fin est proche.

Chaque époque a vu poindre de nouveaux périls : huns, barbaresques, grandes compagnies, peste, Robespierre, choléra, Luther, mildiou, le XV de la Rose, Plus belle la vie et bien d’autres dont les ravages font encore frémir, le soir au rebord des rêves qui mutent en cauchemars.L’homme a consacré des efforts gigantesques pour se prémunir, mais rien n’y fit. À peine Maginot construit, l’ennemi entre par la fenêtre, une fois le vaccin mis sur le marché, la volaille, fidèle au H5, change de N. Les prix du foie gras en subissent un sursaut navrant.La moitié de la planète est confrontée à la faim, l’autre à l’obésité. La richesse fait des ravages, la pauvreté n’est pas en reste. Tôt ou tard les classes moyennes seront happées par l’une ou l’autre.

Mais l’homme, toujours ingénieux, enfantin et joueur, a mis au point un attirail bigarré de gri-gri, amulettes et pattes de lapin afin de conjurer les maux. Le français, en particulier excelle dans le recours aux mots pour mettre en fuite les maux.

Faire peur avec Wauquiez.

De nos jours, traversé d’ondes multiples, bardé de puces comme un vieux chien, il se croit abrité des dangers par une information boulimique, superficielle et truffée d’erreurs et d’approximations.

Depuis des années maintenant, en France, le péril le plus brandi pour nous faire agiter les hochets exorcisants de la modernité c’est la peur de l’extrême-droite. Sous le plus placide des adjoints au maire d’un chef-lieu de canton se tapirait le dictateur le plus sanguinaire, pour peu qu’il ait émis une opinion qui s’apparente à ce que le FN aurait pu dire. Le procès en sorcellerie intenté par son propre camp (ce qui laisse les adversaires libres de batifoler) à Laurent Wauquiez est emblématique de cette tendance. Le nouvel Hitler de Haute-Loire, cacherait de sombres desseins sous des dehors républicains (mot compte triple). On l’aurait aperçu en chemise brune, il aurait utilisé une syntaxe qui n’est pas sans rappeler celle de la présidente du FN. Appuyé par d’ex-juppéistes, aussitôt suspects de fascisme bonasse, eux qui viennent du centrisme le plus fade et indolore, il projetterait un retour aux heures les plus sombres de l’histoire.

Son programme, si tant est qu’un programme ait un impact sur le réel une fois élu celui qui l’arbore, n’est pas si  différent de celui de Nicolas Sarkozy, que les mêmes qui ont des vapeurs soutenaient mordicus. Mais puisqu’il ne s’inscrit pas dans le marigot macronien, c’est donc un vilain extrémiste. Facile.

Souffrir avec Mélenchon.

Si les commentateurs sagaces qui font et défont les élégances politiques s’intéressaient davantage au projet des Insoumis, ils y trouveraient bien plus de matière à inquiétude. Spoliations en masse, affaiblissement des forces de l’ordre, politique étrangère à front renversé…

Mais, bénéficiant de l’étrange amnésie qu’on accorde dans les salles de rédaction au communisme, mère sous laquelle le veau Insoumis a tété, rien ne filtre là-dessus. On reste songeur Mais il est vrai qu’il suffit aujourd’hui de se dire opprimé, discriminé, incompris, pour recevoir sympathies, subventions et suffrages. Par peur du magicien d’Oz, les petits cochons se précipitent dans les bras velus du grand méchant loup.

Menée par le Mélenchon-loup, la politique française, s’il venait à gouverner, s’avèrerait à coup sûr désastreuse : repli européen, fuite des entrepreneurs, appauvrissement des classes moyennes, soutien aux associations les moins recommandables, libertés fondamentales rognées etc. Octobre 17 cent ans plus tard.

Ce n’est pas parce que le PC ne fait plus peur (à tort ?) que son jumeau teigneux devrait passer pour bénin.

Le péril rouge est bien vivant, sous d’autres formes et visages que ceux de nos manuels d’histoire, de nos souvenirs du Cambodge, de nos effrois nord-coréens. Mais, anesthésiés par une propagande molle et télévisuelle, nous semblons ne pas y croire et prendre les Insoumis pour de joyeux réformateurs alors que le totalitarisme est la main de fer qu’ils dissimulent sous leur gant de crin.

2 Commentaires sur "Périls et demeurés."

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    Tibor Skardanelli 1 décembre 2017 (14 h 02)

    Le Mélenchon-loup voulant croquer la petite Debray-née-rouge.

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    Rol 7 décembre 2017 (18 h 31)

    Mélenchon, ou comment entretenir des utopies pour mieux ignorer les menaces !

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