Balance ton aéroport

Des milliers d’espèces animales rares ou non vont  souffrir, mourir, disparaître peut-être. Et c’est grâce aux écologistes !

Adieu donc guiffette noire, anguille d’Europe, lucane cerf-volant, sans parler des scirpes lacustres !

Malgré quinze protections labellisées ZNIEFF ou autres, le lac de Grandlieu, plus grand lac de plaine de France et second en Europe, sera toujours survolé par les avions. Au décollage, quand la dépense de kérosène est la plus forte. Cette « zone humide », délicieux euphémisme, recèle de nombreux habitants protégés ou rares, dont des humains, mais la pression des écologistes d’hémicycle l’a emporté : l’aéroport de Nantes et du grand ouest restera à Bouguenais, aux portes de la métropole, survolée d’est en ouest par des dizaines d’avions à basse altitude. Sans parler des week-end.

Le pékin qui rentre d’Hurgada ou Split se doute-t-il qu’il menace la guiffette ?

Cette décision, préjudiciable à l’équilibre écologique, économique et sociologique de tout l’ouest de la France recueille l’approbation d’une majorité de personnes ni concernées ni au courant. C’est la démocratie émotive dans laquelle nous barbotons.

Bien sûr que la peur d’affrontements violents a dicté ce choix. Le téléspectateur aime bien les violences quand elles ont lieu dans la lucarne mais pas sur la route de ses vacances.

Le gouvernement actuel a pris une décision, que ses prédécesseurs, pourtant dirigés par de chauds partisans du transfert, avaient repoussée. Au mépris des « promesses de campagne » du président, du résultat d’une consultation assez spéciale mais sans équivoque (plus de 55% de oui au transfert), de l’engagement de la totalité des collectivités locales concernées (Pays-de-la-Loire et Bretagne). Et de l’insurpassable Jean-Marc Ayrault, qui fut, dit-on, premier ministre longtemps.

Ayant fait nommer tête de liste aux municipales une péronnelle pète-sec de peu d’années, afin qu’on n’oublie pas son mentor germaniste et combiphile, il avait, à son cabinet un « chargé de mission » dont la seule tâche était de suivre le dossier « Notre-Dame des Landes ». Nul doute qu’il a été promu.

La péronnelle a gagné, de peu mais en ayant besoin des voix écologistes locales (fermement opposés au projet de transfert) pour s’assurer une majorité de circonstance. Deux alliés aux antipodes quant au grand projet qui devait structurer la façade ouest du pays. Gage de long terme, pas politicien pour deux kopecks, respectueux en diable du choix des électeurs…

Depuis la fin des années 60 on sait qu’un projet de construction d’un aéroport dans cette zone peu peuplée, dont les terres sont pauvres (ce n’est pas Notre-Dame des Rendements, mais bien des « Landes »), est dans l’air.

Les adversaires, d’abord silencieux, puis shootés à l’écologie militante, multiplient les recours, pour protéger la salamandre à queue rousse, le surmulot cendré, la sphaigne fuligineuse… Au mépris, doit-on le rappeler, de la guiffette et du scirpe lacustre.

Rejoignant quinze paysans pauvres, incapables de se voir exploiter autre chose que des landes si peu fertiles, voici que de hardis gaillards désoeuvrés, originaires de toute l’Europe de l’Est entre autres viennent planter leur tente dans ce coin de Loire-Atlantique sans charme ni attrait. De temps en temps, au fil des jugements de diverses juridictions qui les désavouent (pauvre salamandre à moustache calamistrée !) ils descendent casser des vitrines dans la Cité des Ducs. Comme on lance la vaisselle sur un conjoint infidèle.

Puis ils se barricadent sur le secteur de la ZAD, rendant la vie des riverains impossible. Rackets de niveau corse, blocages de type guadeloupéen,sassemblées générales du genre vénézuélien… La peur est leur objectif, la violence leur donormyl. Ils savent que l’État craint les heurts, depuis Sivens et même avant.

Aussi est-ce pour cette raison majeure qu’un Président, pourtant élu sur une position inverse, décidera que le transfert n’aura pas lieu. Les centristes se définissent par leurs craintes.

Adieu guiffettes, anguilles, le kérosène aura raison de vos bronches si délicates. Sphaignes vous irez fuliginer ailleurs. Nantais vous serez survolés, frôlés, menacés comme aucune métropole ne l’est.

Aujourd’hui la route principale de la Zad est toujours encombrée de barricades, quelques excités attardés (c’est une redondance) survivent sur site. Le village de Notre-Dame des Landes demeure un furoncle sur la face d’un joli département.

Et nous irons, dans quinze ou vingt ans, prendre l’avion à Beauvais, Bordeaux ou Roissy, quand Nantes-Atlantique saturera, ce qu’on nous promet pour bientôt.

Quel dommage, quelle injustice, quel déni !

Chaque fois que nous croiserons une guiffette noire, loin, si loin de Nantes, souvenons-nous en.

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