Espérer, enfin !

Qu’attendons-nous ? Tout.
Qu’espérons-nous ? Rien.
Ainsi en va-t-il de l’homme de ce siècle balbutiant.
Prêt à tout, tout voir, tout croire et le contraire de ce qu’il tenait pour vrai le matin-même. A s’indigner de ce qui est banal, anodin, à laisser faire l’insoutenable si la rumeur publique est coite. Il ne hurle pas avec les loups, il piaule avec les chacals. L’homme qui se croit moderne est un charognard qui ne s’est pas encore aperçu que les chairs dont il fait ses délices sont en partie les siennes.
Car l’homme moderne est déjà mort, mais comme une étoile lointaine qui brille longtemps après s’être éteinte, il ne le sait pas encore.
Il sera dévoré par de plus modernes que lui, comme il a fait sa couche sur les décombres de ses anciens qu’il a contribué à remiser au sous-sol.
Peut-être se doute-t-il parfois de cela, de l’énormité de la tromperie, de la vacuité de la course, du fait que s’il advenait, par hasard, quelque chose qu’il attend, son tracas n’en serait qu’affermi car il en resterait autant qui n’est pas advenu.
L’homme attend sans répit, un bus qui ne viendra jamais, un loto qui n’existera pas, un rêve qui ne prendra pas corps.
Cette attente, et la hâte qui la manifeste sont une névrose.
La peur de manquer, de ne pas recevoir ce qu’on attend vous rend platement satisfait quand survient ce qu’on guettait. On a eu si peur qu’on n’est plus capable de se réjouir, à peine est-on soulagé. Nos attentes sont si minuscules que leur avènement nous rapetisse encore.
L’homme a perdu le sens, le goût et l’habitude d’espérer.

Une bonne nouvelle…

Qu’est-ce que l’espérance ? Une palpitation, un cri d’amour lancé à l’avenir, un sursaut de vie, une balafre à la mort, une renaissance.
Qu’espérer qui ne soit affadi par les pauvres vœux qu’on s’adresse en début d’année ?
Espérons une vraie, bonne, grande nouvelle.
Elle a le visage et le souffle inaudible d’un nouveau-né.
L’espérance est un petit enfant.
L’être le plus fragile et le plus dépendant qui soit.
Mais qui recèle un pouvoir infini. Tout nouveau-né reçoit le pouvoir de changer la face du monde. Mais la vie et les petitesses des adultes l’en empêchent. Sa propre timidité aussi, ses peurs, ses conforts, ses arthroses du cœur.
Un enfant, en particulier, a reçu et fait fructifier ce don.
Il est encore à naître.
Dans la nuit de dimanche à lundi.
Vraiment.
Un tout petit enfant va naître. C’est sûr. Aucune complication à craindre, la mère se portera aussi bien que lui. Et il aura reçu le pouvoir de donner au monde entier, les faibles, les contrefaits, les forts et les sains, les vilains et les magnifiques, les mourants et les nouveau-nés, les malades, les riches, les crève-la-faim, les classes moyennes, les inclassables, les sybarites, les intouchables, les salauds et les saints, la seule, la vraie, l’essentielle Espérance.
A chacun, dès lors, de s’interroger sur ce qu’il attend, d’en remiser une bonne part au rayon des inutiles et de faire place à ce sentiment oublié.
Veillons, car nous savons et le jour et l’heure.

3 Commentaires sur "Espérer, enfin !"

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    Tibor Skardanelli 20 décembre 2017 (13 h 58)

    Je penserai à vous dans la nuit de dimanche à lundi.

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    rackam 20 décembre 2017 (17 h 25)

    Et je penserai à vous autres. Na!

  • comment-avatar
    Oncle Charly 20 décembre 2017 (20 h 13)

    Beau, belle, bonne nouvelle. N’ayons pas peur. Espérons et embrassons l’espérance.

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